FICHIER NO NAME
04/08/2025
Sexy Sushi
alors il en était arrivé “là”.
ç’avait commencé en dessous des orteils puis ça lui avait pris le pied droit.
les sourcils un pe froncés, pour “faire guerre”, il le disait, mais aussi parce qu’il était buté, c’était comme ça, il était né comme ça, il l’était, il était complètement buté.
donc. les sourcils un peu froncés, peut-être histoire de, peut-être aussi parce ce qu’il l’appréhendait, ce frétillement de la lèvre basse, et puis l’eau, l’eau d’en haut, qui cherchait à couler, en vain, toujours en vain, parce qu’il était buté.
l’horoscope poissons lui avait prédit au réveil une journée de larmes chaudes et attention fais le nécessaire pour te créer un cocon sinon ça va vraiment être la galère.
zlors il avait froncé les sourcils, pour faire guerre et comme il était buté ça marchait pas du tout. les larmes coulaient coulaient coulaient et et bordel qu’est-ce que c’était bon mais qu’est-ce qu’il voulait que ça s’arrête. tout de suite.
ici cest marche ou crève, t’as cru quoi?
puis ç’avait été un flot de larmes incomensurable et la dague dans le coeur la dague dans le coeur, replié sur lui-même mes bras autout de sa taille parce qu’à défaut de mains étrangères il fallait bien qu’il y en ait des mains, oui fallait bien qu’il y en ait, sinon c’était foutu d’avance il le savait il le savait, alors Ange porte-le ton enfant intérieur de sa mère la pute et chiale un peu à sa place vous savez Mr. Farge ça vous en fera, du bien, c’est comme ça que ça se soigne qu’ils avaient dit, c’est comme ça que ça ce soigne.
il était allé la voir il lui avait dit, vous inquiétez pas il faut que ça sorte (il le disait toujours, vous inquiétez pas, histoire de pas inquiéter, parce qye j’t’assure y a pas de quoi). elle l’avait regardé d’un air louche et puis bon on va vous filer un petit calmant ça passera tout seul vous allez voir et ça grondait ça grondait mais sale pétasse ravale-le ton anxio j’viens là pour te partager mes larmes de fiotte pas pour recevoir un coup de massue sur le crâne à t’en faire ravaler ta langue et puis oublie un peu surtout oublie mais qu’est-ce tu crois, qu’est-ce tu crois, vingt-quatre ans d’amnésie qui s’pètent et tu m’proposes de ravaler ma peine à coup de tranxène?
tu vois j’te cite même Sexy Sushi. connasse.
09/08/2025
histoire de
le viol c’était un truc qui lui traversait l’coeur et lui montait à la bouche comme une bonne gerbe matinale après une clope à jeun.
il l’aurait bien étripé pour lui rendre la pareille mais à vrai dire l’idée de la mort lui était tellement insipide que même l’étriper il trouvait ça trop facile. bon y’avait la souffrance de l’instant qu’il aurait fait languir, il s’imaginait souvent esquisser un sourire comme l’autre l’avait fait avant de--
avant de quoi?
bref. tout ça lui semblait bien complexe. la rage la rapge, tout ça tout ça, c’était un peu en branle, un peu foutu en l’air. il en était venu à se dire qu’il fallait p’t’être mieux gueuler ça sur une scène ouverte que de se flanquer des murges le poing dans l’mur et les cris les cris les cris (pétasse pétasse pétasse pétasse) qu’il s’infligeait à lui-même pour “niquer le game”, ou alors tout simplement pour paraître badass à défaut d’être victime.
“victime” il en avait horreur. oui vraiment, quelle horreur. il en était même venu à déceler la faiblesse du bourreau. ça ne lui apportait rien d’ailleurs, rien du tout, suelement peut-être un fais gaffe fais gaffe, tu m’touches c’est mon poing dans ta gueule et j’t’asure j’vais crier tellement fort qu’t’as tous les flics de Barbès qui débouleront si vite si vite et tu t’retrouveras estropié la gueule dans un seau d’eau en garde à vue paumé comme le p’tit con qu’t’es.
histoire de, comme d’hab.
12/08/2025
Paul Guiraud
en ce qui concerne l’HP, il en avait vu, des vertes et des pas mûres. c’était une question de constant. y’avait rien qui roulait juste. en fait, il se le disait maintenant mais il se l’était toujours dit, le système n’était pas seulement pourri, il était pourri jusqu’à la moelle, corrompu malsain avarié, tout pété de partout, en somme.
le but était plutôt simple: se casser. aussi vite que possible. l’enjeu relevait de l’hyprocrisie. faire genre. parce que oui j’te juste, tout va bien j’suis calme j’prends bien mes meds j’ressens plus rien à vrai dire j’chiale même plus y’a plus rien y’a plus rien j’te jure j’te jure.
le seul truc qui l’ret’nait c’était de laisser ses compères qu’avaient pas encore compris le factice de la chose, le goût de la chose bien faite, du mensonge dompté mesuré foutrement bien maîtrisé.
puis y’avaient ceux qui était comme fichés S, d’on ne sait ni du pourquoi ni du comment, voués à l’enfermement à vie car jugés inaptes à la “vie sociale” (et là il se disait, mais c’est quoi la vie sociale, après ça?), pourtant pas cons, pas cons j’vous jure, juste un peu détraqués oui p’t’être un peu en marge de quelque chose mais au fond qui ne rêve pas de l’être.
c’était peut-être ça le pire: tu sors d’HP, soit on te fuit soit on te voue un culte. comme si trimer était une dinguerie, un truc de colosse-- un truc so so so badass.
mais dis c’était comment là-bas?
bah écoute ma belle; ça n’a pas grand intérêt.
27/10/2025
sans titre
alors il, elle, encore une fois, en était arrivé à cela-- et cela, une fois de plus, n’était ni halte ni degré, bien que celui-ci soit supérieur et notable (mais il ne voulait pas le voir comme tel, de peur de fuir, fuir, fuir, jusque se replier, se rabattre, s’escamoter comme elle l’avait fait tant de fois).
c’était en fait une auberge, un gîte, au sein duquel on lui donnait repos. un répit sant inaction, un congé sans relâche-- une trêve de maux, pour le dire franchement; bref, une sorte de quiétude bonasse, charnue, dans laquelle il, elle, se lovait en se nourrissant de toute sorte de mots, et de carrés de chocolat.
une inertie comme un jour férié qui se tendait et s’étendait comme le revers d’une peau de chagrin, un entracte fertile et généreux, un sommeil gras et prolifique, dont le corps comme une friche, tendait l’oreille aux silences des pelotes de laine sur lesquelles il s’étalait.
[...]
et puis toutes ces bougies, de tout jour allumées, toutes ces bougies qui par centaines et bientôt par milliers, se posaient et s’entreposaient sur son genou, sa bouteille vide, son étagère et bientôt tous les dix doigts de ses pieds. il ne savait pas pourquoi, mais elle savait que c’était ça, oui, c’était ça, c’était bien dans cette taverne qu’il avait tant rêvé de se blottir.
seul, nu, à la lueur de flammes inoffensives.
[...]
des cartes postales, sur le bureau puis sur le frigidaire; des bougeoirs puis des chandeliers, un reçu Uber Eats “à emporter, M?” (quatre pizzas pour deux), un sac à main léopard qu’il le savait encore s’approprier, une veste d’ours et ses oreilles sur la capuche, des lampes, deux plantes vertes, un pot de Jelly Belly et un nain de jardin. deux drapeaux, cinq appareils photo, quatre objectifs, des guirlandes partout, un trépied, un miroir en strass.
[...]
y avait-il répit immortel, il voulait se muvoir, se fondre dans ses gros oreillers bien fournis de plumes, appréhender, caresser son corps (e serait-ce que la nuque) de sorte à scruter d’un oeil le désatre que ç’avait été-- et le désamorcer, le dresser, le titiller jusqu’à ce qu’il n’y ait plus crainte, qu’il n’y ait plus peine, que la douceur de sa niche se fasse éternelle, pour donner lieu à quoi, non, il n’en avait aucune idée, mais du moins donner lieu, oui, donner lieu, donner lieu;
donner lieu.
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